La Conférence des écoles de journalisme (CEJ) a invité, dans le cadre des Etats Généraux, près de 30 étudiants issus des 14 écoles de journalisme reconnues par la profession, à participer à un week-end dédié à imaginer le métier de journaliste en 2030.

Depuis une salle de conférence éclairée par la lumière du jardin d’une auberge de jeunesse parisienne, une trentaine d’étudiants regroupés en quatre petits groupes prennent la parole tour à tour pour défendre leurs idées sur le métier auquel ils aspirent. Tous ont été invités par la Conférence des écoles de journalisme (CEJ), samedi 4 mars et dimanche 5 mars 2023, à représenter les 14 écoles reconnues de la profession. Il s’agit de la deuxième édition de cette rencontre. L’événement est organisé dans le cadre des États généraux de l’emploi et de l’insertion des jeunes journalistes, dont le but est de consolider la situation des jeunes journalistes. Un peu plus tôt dans la matinée, Anne Tézenas du Montcel, déléguée générale de la Conférence des écoles de journalisme en charge de l’organisation des États généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, venue chapeauter l’événement, a invité l’auditoire à se projeter à l’horizon 2030. « Ce week-end sert à mener une réflexion sur l’entrée dans le métier et la vision de ce que sera le journalisme dans le futur », a-t-elle développé.

«Plus de force pour imaginer le futur »

Autour d’une grande table disposée en « U », les étudiants qui ont participé à la première session en 2022 témoignent. « Je pense que nous réunir ici nous permet d’avoir beaucoup plus de force pour imaginer le futur, car avant l’année dernière, j’avais l’impression que les écoles étaient isolées chacune dans leur coin », confie à ses camarades Gaël, étudiant en journalisme au CFJ. « Cette année, on a une idée plus claire d’où on veut aller, par rapport à notre précédente rencontre », affirme Agathe, jeune diplômée du CUEJ.

Le ton est donné. Les étudiants s ‘accordent pour travailler sur 4 thématiques: une discussion sur les enseignements dispensés dans les écoles, une sur la diversité dans les écoles et dans les réactions, une sur l’alternance et les stages et une dernière sur la création d’un comité étudiant.

Dans les ateliers, les idées fusent. Les échanges sont souvent inspirés du vécu des participants ou de celui des camarades qu’ils représentent. Très vite les craintes se cristallisent autour du « coût de la vie étudiante » et de la «précarité lors de l’insertion ». « On doit souvent financer nous-même les reportages que l’on propose pour l’école et ça revient vite cher dès qu’on doit se déplacer », confie Bleuenn, étudiante en BUT à Lannion. « Nos stages ne sont pas toujours rémunérés et ce n’est pas simple de faire face aux coûts qu’ils représentent, surtout quand il faut se loger dans une autre ville », continue Nina, étudiante à l’IFP.

Les étudiants estiment que cette pratique reste un frein à la diversité, « qui manque cruellement au métier », selon eux. Sur ce point, ils proposent également de renforcer l’éducation aux médias, ou de créer une plateforme qui mutualiserait plusieurs concours pour diminuer les coûts d’inscription et de déplacement. Les jeunes journalistes insistent sur un autre frein : le manque de transparence autour des offres de poste dans le métier. « Ce n’est pas évident de trouver un stage quand on n’a pas de réseau », souligne Inès, étudiante à l’EPJT. « Le mieux serait une plate-forme où toutes les offres de stages et d’alternances seraient accessibles », s’accordent les étudiants. «Ces soucis, on espère les régler avant 2030 », lance Bleuenn.

La création d’un comité étudiant

Dans le groupe dédié aux enseignements en école de journalisme, la réflexion s’oriente rapidement vers la place que prend l’intelligence artificielle dans les médias. « La technologie évolue tellement vite, j’ai l’impression qu’il est impossible de prévoir ce qui se passera en 2030. Est-ce qu’il ne faudrait pas qu’on nous enseigne comment fonctionnent les algorithmes ? », interroge Sofiane, étudiant à l’IJBA en faisant l’unanimité. « Il y a aussi les spécialités, est-ce qu’on doit toujours choisir entre la télévision, la presse écrite ou la radio, alors que les moyens de diffusion changent ? », suggère Izia. «J’aimerais voir plus d’enseignements autour de la crise climatique et aussi des scientifiques venir dans nos écoles », ajoute Agathe, étudiante en BUT à Lannion.

Des revendications notées soigneusement par le comité étudiant, dont la structure a émergé pendant le week-end. « On est déterminé à porter la voix des étudiants auprès de la CEJ pour avancer sur les problèmes qu’ils rencontrent et faire entendre leurs revendications», souligne Agathe Legrand, récemment diplômée de l’école de journalisme de grenoble. « On sait que les changements peuvent prendre du temps, mais on partage nos expériences pour ceux qui viendront après, « c’est motivant de participer au mouvement pour faire avancer les choses », partage Théo, étudiant en BUT à Cannes.

Par : Louisa Benchabane, journaliste et jeune diplômée de l’IJBA

Recommended Posts